mercredi 29 juin 2011

Cueillir l'été

J'ai envie d'écrire. 

Capter par des mots habiles l'essence de l'été, l'odeur particulière du vent juste avant l'ondée. Le soleil couchant que filtrent les feuilles des arbres, une chevelure verte et luxuriante qui secoue ses pointes sous un ciel coloré. La caresse languide de la chaleur du midi contre une cuisse cuivrée, sur une main abandonnée au soleil dans un livre qu'on ne lit même plus.

J'ai envie de cueillir l'été et d'y mordre comme en un fruit juteux, goûteux. M'étendre au soleil et sentir l'herbe fraîche s'étaler autour de moi. Être bien, ne penser qu'à ça. Oublier les visages flous, les histoires esquissées puis froissées, l'ambition désoeuvrée. M'imprégner de la brise chaude, d'une chaleur qui étreint l'âme et le coeur en dorant légèrement les visages. Aimer l'été, une fois pour toute.

J'ai envie d'écrire les rencontres estivales. Les amis qu'on retrouve avec un plaisir accru par les vacances, leur sourire reposé et leur peau bronzée. L'amertume froide des quelques bières partagées dans le brouhaha chaleureux d'un petit bar, les rires qui fusent, les souvenirs évoqués et la fumée âcre des cigarettes qui nous protège d'un monde hostile, sur une terrasse échouée à quelque part entre deux commerces. L'espace de l'amitié, du désir avant de se replonger dans la solitude d'une maison endormie.

J'ai envie d'écrire l'angoisse d'un été qui ne se termine pas. La solitude d'une journée d'errance quand il fait si beau dehors, la douce mélancolie de ces chaudes nuits où je n'ai pour seule compagnie qu'une série d'images mentales, un peu fanées par le temps. Le goût capiteux du vin rouge, des pensées qu'on laisse voguer pour le seul désir d'oublier l'ennui.

J'ai envie de retrouver l'hiver, la morsure d'un vent frais sur des joues rougies par l'émoi. J'ai envie de retourner auprès d'un visage attentif, quitte à retourner chez moi les pieds mouillés de pluie et les mains vides de toi. Mais c'est l'été, et j'ai envie de la passer du bon côté.

J'ai envie d'être heureuse, de profiter des paillettes de soleil sur un bras étendu devant et du rire de ceux qui n'ont pour moi que quelques fragments d'amitié à me confier. J'ai envie de quelqu'un, mais je me contente du reste, un crayon à la main et les yeux fixés sur le mouvement des jours.

Et j'écris ces quelques phrases parce que j'ai de l'impuissance en excès qui a besoin de se matérialiser en mots sur un blog à l'abandon. J'ai envie, pour une fois, de cueillir l'été et de m'en griser, comme je sais que le retour à l'automne ne s'accompagne plus de ses promesses et de son sourire dans la pénombre d'un pavillon en ruines.