samedi 13 novembre 2010

Inepties

Moi : « Pourquoi est-ce que tu t'es mariée ? »
K. : « Parce que c'est plus facile de contrôler un cheval quand il est bridé. »

Je fais de drôles de rêves, dernièrement !

C'est drôle, quand même. Rêver à quelqu'un à qui on a jamais parlé, que l'on a seulement vu ; rêver qu'on discute avec elle, qu'on lui pose des questions qui la destabilisent et la rendent vulnérable ; rêver à cette femme que l'on ne connaît pas, recroquevillée sur un banc de parc avec de gros bas de laine. Au réveil, on se sent si près de cette personne à en avoir pitié, à ressentir une grande compassion pour cette pauvre personne qu'on s'oblige à éviter.

Rêver à quelqu'un qu'on ne connaît pas, et au matin, avoir l'impression de la connaître parfaitement.

Le monde onirique est un drôle d'univers.

mardi 9 novembre 2010

Les mûriers

J'en ai fait un autre. Encore pour mon cours d'Écriture de la Poésie. Écriture concentrée, calcifiée, sur demande. Écriture malsaine, itérative parce que vomie en trop peu de temps, à trop grande fréquence.

Mes poèmes se suivent et se ressemblent.

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La rue était longue sous tes pas, et les mûriers en fleurs
C’était le printemps de la musique       du ciel vert de Venise
Je t’écoutais fredonner en tricotant nos jours
on ne parlait pas de politique ;
on dessinait l’envers du ciel sur nos paumes offertes
on glissait sur les chiffons de lumière qui s’étalaient comme des ailes
Les mots s’emmêlaient d’eux-mêmes      fêlaient la pierre d’éclats de rire
Je te suivais ; parfois, tu te retournais avec des sourires dans les yeux
tes mains avaient froid sous tes gants
Tu ne disais rien
Tu m’attendais pour m’apprendre à rire      pour serrer mes doigts tachés de pluie
La rue s’allongeait sous les feux de soleil      sous nos pas insolents en désordre

Les mûriers embaumaient le printemps
Le vertige éphémère d’avant l’été

La rue est toujours longue et elle se déploie encore
Le brouillard a posé un voile sur mes yeux d’enfant
Ton pas scande l’absence        les regards longs comme des rondes
Les mûriers frissonnent dans leur nudité
Les feuilles craquent entre mes doigts         les tiens sont froids comme Décembre
Tu ne portes plus tes gants, et j’ai perdu mon écharpe au passage
tombée dans la terre craquelée de l’automne
reliefs d’une vie laissée de côté
Où sont tes yeux, tes mains ? Seule ta voix demeure
Elle sent les mûres sauvages et le froid
Ta voix qui tangue et qui nie
Le mouvement des saisons qui nous étouffe.

samedi 6 novembre 2010

Amour stellaire et amour désert.

Cette semaine, rien ne me fut plus agréable que de discuter trente minutes de cheveux et de magasinage avec elle, sans remords de se laisser aller à des propos tellement frivoles et peu intellectuels puisque l'on sait pertinemment qu'on est plus que capable d'avoir de grandes discussions littéraires et existentielles ; de discuter d'autres choses et en ressentir un plaisir presque comparable aux émois que l'intellectualisation peut amener.

Et dans ce novembre qui débute à peine mais qui déjà m'étrangle, c'est un rai fugitif de bonheur à considérer sérieusement. 

Je prends une poignée de priorités entre mes doigts et les soupèse, parce que les discussions que j'ai avec Y. m'amènent à remettre en question celles que j'ai en ce moment avec toi. 

Toi qui oses te présenter devant nous tous avec tes mains étrangement nues, libérées de cet anneau de soleil qui me brûle les yeux chaque fois que j'y pose les yeux - oubli hasardeux ou symbole tacite de périodes houleuses ? Toi qui oses t'informer superficiellement de moi parce que le silence te rend peut-être mal à l’aise, sans vraiment avoir envie de savoir ce qui s’est réellement passé, pourquoi je suis demeurée froide et muette, pourquoi je reste un peu en retrait à attendre que tu aies refermé les portes derrière toi et que, au fond, tu le meubles ce silence qui s’étire entre nous deux... 

Je jongle avec des impressions de chaleur et de distance glaciale ; je n'arrive pas à mettre des mots sur ce que tu m'inspires, sur ce que tu me fais ressentir. Dernièrement, j'en ai ma claque, et j'ai l'impression de préférer de loin Yolaine qui me demande sincèrement si je vais mieux à toi qui s'enfourche dans tes mots quand je soutiens trop ton regard dans la pénombre d'un diaporama.

Parce que toi, au fond, tu t'en fous. 

Image de toi et moi piétinée avec les dernières feuilles d'automne qui s'entassent dans les coins de rue. 

J'ai peur d'avoir tout gâché. 

jeudi 4 novembre 2010

Les mains nues

Un autre poème. Parce que j'ai des crédits pour ça. Parce que le trop plein de mots déborde, et l'impuissance n'en a rien à battre. Parce qu'il fait froid, c'est novembre et que tout achève. Parce que je ne sais même pas si je vais bien ou non.

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L’instant d’un geste, et tes mains nues se posent sur mon ombre
Murmure d’un matin qui prend vie entre tes doigts
Et je me rappelle du printemps qui s’étale sur la feuille
       ces trois notes répétées à l’infini
       ces fleurs blanches au bout des lèvres
       cette robe qui cachait le jeu tacite des porcelaines
Le temps froisse les cils comblés      les visages cernés de café
Et tes mains nues que je fixe ne cessent de restreindre l’air entre nous.

Un instant, et novembre détourne le regard que tu lèves sur moi
Ton regard où tremble la tristesse de l’immobile
                 où gît le relief de tes nuits bleues et blanches
Ta voix s’empêtre dans le sentier      trébuche sur les lignes trop droites
Et ta maladresse porte l’eau trop chaude à mes lèvres     à la source russe de thé
                          mots savants qui meurent dans ma gorge
                          yeux clos pour déglutir le vide

Mes yeux insistent    ta langue s’enfourche
Dis-moi ce que je sais déjà.

Un seul instant, et le tu se cogne contre mes dents
       bruissement en mi bémol dans l’indécence du noir     de tout ce noir !
Tu cueilles l’insolence d’un frôlement d’haleine       
                 l’ombre d’une mélodie sur nos bouches closes.
Désapprend-moi l’été en sifflotant les airs que j’ai oubliés derrière
         là où la vie reprend son souffle

Je déploie nos cendres sur les feuilles
J’y grave tes sourires confus       mes vers abîmés au creux du vent

Pourquoi tes yeux sont-ils si tristes ?

Tes mains nues se sont dérobées derrière l’audace      tes mains pudiques de leur blancheur cruelle
Et je noircis le papier où tu as posé l’empreinte de tes rêves
    je valse avec les images que mes doigts n’ont pas su saisir
       avalée par l’insomnie                   à l’envers du monde

Je suis la prisonnière du vertige des aurores automnales
Pour un instant, j’ai tracé le monde sur tes joues
Mais le verre ne se fissure pas, et ton ombre dérive sur une quatrième note trop longue.