dimanche 28 février 2010

Pom pom pom.

M'ouais... j'ai changé le titre et le design de mon blog. Petit vent de changement, retour à l'épuration et au poétique ; lâchons la mélancolie et le brun vieillot.

J'aime bien. Pour l'instant.

J'essaierai de lui donner une tournure plus universelle. Mais c'est duuuur d'être philosophe !

Seras-tu au moins à Venise ?

OSQ mercredi soir : la 5eme de Mahler, celle qui a bercé la valse de Clau et de Manue lors de notre présentation de fin de session en musique l'an dernier, celle qui risque de me faire pleurer toutes les larmes de mon corps pour ma vie amoureuse déchue, mes amours enfuies, fuies, bouffies. 

J'ose encore espérer que B. y sera, comme j'espère toujours qu'il y soit comme il l'avait été à Dvorak la première fois que Maude et moi étions allées à l'Orchestre. 

Mais à quoi bon ? M'éloigner du sillon inconstant et indifférent de M. ? Me replonger dans la contemplation douloureuse et la nostalgie cuisante ? Ou seulement m'assurer de la persistance des petites flammèches dans ses yeux quand nous nous reverrons, nous reparlerons ? 

Je vais ressortir la crème aux mûres ; m'en servirai probablement pas ; verrai. 

M. ne m'a toujours pas donné de nouvelles pour lundi soir (petite soirée bien sympathique de mi-session avec les littéraires). J'espère encore, mais je ne suis pas certaine qu'il va venir. 

Vie de merde. S'il ne vient pas, j'abandonne.

... et je sais que je ne le ferai pas. 

mercredi 24 février 2010

Il y a de la neige dans ma conscience

Se sentir en mi-session : ordinateur trônant au milieu de cahiers et briques d'analyses sur les oeuvres de mesdames Gabrielle Roy et Anne Hébert empruntées à la bibliothèque (les briques, pas Gab et Anne), innombrables tasses de thé vert bues depuis le début de l'après-midi (y'a seulement ça chez mon Papa bouddhiste-wanna-be), plan de dissertation sur table (laissez-moi mourir pour renaître et mourir encore !) presque terminé ! Ensuite, examen de Programme Individuel de Lecture (PIL, pour les initìés) à étudier et à faire, et puis c'est la reuh-lâche, la re-lâche c'est-à-dire redevenir la lâche dont mes parents m'ont toujours traitée, bien que ce soit plutôt méchant. Mes parents n'ont jamais été si gentils envers mon estime de moi-même. Enfin. Je vous réfère à mon article précédant, gang d'amnésiaques !

Les littéraires sont un peu poches : aucun party de mi-session à l'horizon. Si c'est comme ça, j'en organise un! J'en ai parlé à Estelle, on va l'organiser ensemble et on va inviter seulement ceux à qui on parle, question de ne pas se retrouver avec des gens louches comme le gars avec des cheveux mauves qui me regarde vraiment d'une drôle de manière et qui me fait peur. Mais, honnêtement, c'est plus pour avoir la chance d'y voir Marc qui est plus enclin à venir s'il sait que c'est 2 de ses « amies » qui l'organisent ! Mouahaha ! Estelle et moi venons seulement de décider l'heure et l'endroit, il ne nous reste plus qu'en parler aux autres et / ou organiser un évènement Facebook, si l'une ou l'autre décidons de piler sur notre gêne et notre peur de nous retrouver avec une table vide.

Sinon, hier j'ai beaucoup parlé avec M. et, à un certain moment donné, c'en est venu assez ambigü ; je le sentais comme proche, trop proche, trop réceptif (bon, je dis trop, mais disons que cela ne m'a pas dérangé...) ; j'avais l'impression que, si j'avais voulu faire des avances, il m'aurait laissé faire... Mais, je me suis contenue ; je suis certaine que vous vous attendiez à autre chose ! (Il y a sarcasme, ici !) Cela dit, ce fut une belle conversation, pleine de complicité et de discussion « érotique » (dans le sens de découlant d'Éros, l'Amour, et non de discussion sexuelle) puisque nous parlions de couples et de baisers donnés à des inconnus. Mmm, quel beau souvenir j'en conserve ! En espérant qu'il se pointe lundi ! Croisons les doigts !

Dans mon cours d'Essai français du XXe, on étudie Sartre. Notre prof nous a donc raconté son enfance telle que perçue par lui dans son autobiographie Les Mots, et a mentionné son grand-père comme étant un « idéal du moi » ce qui, en psychanalyse, représente celui qui assure la transmission de bonnes valeurs, présente un modèle d'identification pour ce qui est du bon, du bien ; selon Wiki, « l'idéal du moi contient les traits des futurs choix objectaux. L'idéal du moi se présente alors comme "celui que j'aimerais être", face au moi-idéal, "ce que j'ai été" ». Cette notion m'a fait réfléchir sur le billet que j'avais écrit dimanche soir. Moi qui ai refusé assez tôt à l'adolescence les valeurs proposées par mes parents, ces valeurs purement matérialistes et capitalistes que j'ai longtemps dénigrées, les « Idéal du moi  » que j'ai trouvés depuis prennent une place capitale, presque envahissante dans ma vie puisque, justement, je m'accroche à eux, trouvant ainsi les modèles que je me suis refusés moi-même. Cet amour intense que je ressens pour eux, cet attachement profond et cette constante peur de l'abandon serait donc justifiés, justement, par cette action d'avoir « mis le grapin » sur des Idéal du Moi qui ne sont pas mes parents. N'étant pas mes parents, ils sont moins solides, plus éloignés donc plus incertains, et en cela, je m'aggripe davantage. Ouf, je ne suis pas claire !

Disons que je retrace deux Idéal du Moi qui ont vraiment fait une différence : R. et, ô surprise, Y. Sauf qu'avec R., j'ai mêlé une sorte d'amour malsain à demi-admiratif, à demi-amoureux, ce qui fait que cet Idéal du Moi a pris trop de place et, au fond, a été néfaste pour moi. Mais passons les conséquences. Le fait est que, je me rappelle dans le scrapbook qu'il fallait faire en Communication anglaise, j'avais déjà identifé ces balbutiements de cette théorie de l'Idéal du moi que j'ignorais alors en proposant une hypothèse comme quoi j'aurais souhaité que R. et sa blonde soient mes parents. Bon, bien sûr, je schématisais ; je ne voulais pas que R. soit mon père puisque je m'en croyais amoureuse, mais il me semblait inconcevable de l'avoir en ma compagnie sans que sa femme soit aussi dans ma vie, non pas dans mon couple, mais comme amie. Ce qui est ridicule, j'en conviens. Mais c'était, bien sûr, ce modèle masculin et ce modèle féminin partageant des valeurs communes avec moi, me proposant un mode de vie qui me plaisait et qui semblait convenir aux valeurs que je découvrais peu à peu.

Au Cégep, j'ai cessé de les voir, j'ai beaucoup évolué, je me suis longtemps cherchée et j'ai fini par me retrouver en redécouvrant un Idéal du Moi en la personne de Y. Sauf que, étant une femme, je n'ai pas tout mélangé la figure parentale avec celle de l'amoureux ; Y. est cet Idéal du Moi pure, telle qu'élaborée par Freud (à ce que j'en sais). Le Papa de mon Oedipe raté est peut-être mort, peut-être rajeuni en Benjamin mais toujours est-il que je ne le sens moins pesant. Oui, les hommes murs m'attirent plus que ceux de mon âge, j'en tombe plus facilement amoureuse surtout quand ils ont cette position d'autorité qui m'assure une sécurité : mais cela n'est pas définitif, je ne suis pas uniquement attirée par des hommes plus vieux. C'est que, dans mon école de filles au secondaire, les figures mâles manquaient et à cette figure paternelle s'est ajouté un trop-plein d'hormones adolescentes et m'ont fait croire que j'étais amoureuse de R. alors que j'étais admirative et attirée.

C'est un peu flou, mais c'est clair dans ma tête !

Et, de toute manière, c'est de la psychanalyse ; j'en prends, j'en laisse, tout dépendant si je me sens rationnelle ou pas !

La neige est bizarre aujourd'hui. Après 2 semaines de sécheresse, de chaleur et d'humidité, assez louches en février, voilà une grosse neige épaisse et folle qui danse dans l'air. Et La Valse de Ravel (eh oui ! encore ça ; je ne m'en lasserai jamais !) accompagne leur chute gracieuse jusqu'au sol. J'ai rarement vu une neige qui rend aussi de bonne humeur ; je n'ai jamais eu une fin-février qui me rend autant de bonne humeur, d'ailleurs.

Hier, ça a fait un an qu'il y a eu la bulle avec B. Et c'est drôle, j'y pense maintenant et ça ne m'a pas effleuré l'esprit hier. Foutu M. ! J'ai toutefois bien hâte de le revoir, Benjamin le joli, quand il va revenir de congé ; j'ai hâte à « Formation à la vie culturelle » et aux échanges complices, aux connections qui parsèmeront peut-être encore nos vies.

Je retourne donc à la finalisation de mon plan, Ravel, neige et thé vert qui comblent mes sens jusqu'à ma mort demain lors de ma dissertation SUR TABLE !!

Laissez moi jurer mentalement et aller me cacher sous les draps !

Bisoux à mes lecteurs, amour véritable à ceux qui commentent !

dimanche 21 février 2010

« N'allez pas là où le chemin peut mener. Allez là où il n'y a pas de chemin et laissez une trace.» - Emerson

Pour une fois, ce soir, je voudrais écrire quelque chose de plus universel que mes déboires affectifs avec M. ou B., que l'exaltation de mon admiration pour Yolaine ou quelque réflexion plus ou moins intéressante sur mon cheminement intellectuel / social / politique (ai-je un cheminement politique, moi la seule fille impolitisée qui s'auto-proclame intellectuelle sans, peut-être, avoir vraiment raison ?) Mais parce que je suis un peu narcissique et beaucoup égocentrique, cela m'est difficile de ne pas sans cesse revenir au petit je-me-moi qui prend toute la place de mes réflexions bidons, "minables" (dit à la yolaine).

Je vais parler... des gens ! Ou, plutôt, de l'insignifiance des gens. Je sens vos regards excédés : encore de l'élitisme, isabelle ? On pensait que tu en avais fini avec ça...

Eh bien non ! Je pense que la plupart des gens ne réfléchissent tout simplement pas ; pas de remise en question, pas de questions tout court ; juste la vie toute-cuite dans le bec telle qu'on nous la propose à Occupation Double et à Shopping TV.

Si tout le monde le fait, pourquoi ne pas le faire ? Si la plupart des gens sont contre la peine de mort, eh bien, pourquoi ne le serais-je pas aussi ? Si tout le monde se fait vacciner pour le H1N1, pourquoi ne le ferais-je pas aussi ? Si tout le monde porte des jeans Guess, pourquoi n'en acheterais-je pas aussi ? Si tout le monde se jette en bas du pont, pourquoi pas moi aussi ?

Et j'ai peine à dire que je vis entourée de moutons sociaux, de petits relativistes bien englués dans leur démocratie pourrie où c'est la masse qui décide, où c'est la masse qui inculque sa stupidité creuse à ses habitants en abrutissant, en brimant la réflexion : mes parents, ma soeur, ils sont tous ainsi. Jamais de remise en question, jamais de réflexion poussée ; de la petite morale facile, le reflet d'une vie plus qu'une vie réelle, réfléchie, choisie.

Combien de temps n'ai-je pas entendu ma mère dire : « C'est beau, isabelle, ces chaussures-là ; c'est full mode, y en a plein d'in magasins, d'in revues ; c'est in au boutte ! »
Quelqu'un peut-il me dire pourquoi le fait qu'il y ait un tel article de mode dans les magasins implique nécéssairement que ce soit beau ?

Ce n'est certes pas le pire, mais c'est très représentatif. Ma mère ne se demande jamais si elle a tord ; elle est certaine d'avoir raison. Elle est toujours certaine d'être dans le bon chemin, d'être parfaite, et ce n'est surtout pas mon beau-père, asservi devant cette femme ingrate et implacable, qui va la contester. Elle a une telle confiance en elle que c'en est répugnant, pénible, et probablement que rien ne la poussera jamais à se remettre en question parce qu'elle atteint directement les critères que la société lui demande, lui montre comme étant le bien et le beau. Sauf qu'elle trouve dur de vieillir ; et moi, je trouve que ça fait dur de la fois attifée de vêtements que ma petite soeur de 18 ans porte avec beauté.

Mes valeurs sont aux antipodes de celles de ma famille, et je dois dire que je trouve ça très difficile. Je me sens souvent perdue, toujours insécure : comment entretenir une confiance en soi solide quand nos bases n'en sont pas ? (quand, aussi, depuis les 10 dernières années, notre mère ne cesse de faire des commentaires désobligeants sur notre poids ? mais cela est une autre question que je n'aborderai pas.)

Peut-on bien commencer dans la vie quand nos parents ne nous ont pour ainsi dire pas inculqué de valeurs puisque celles qu'ils nous offraient ne nous convenaient pas ? Peut-on être quelqu'un de fort, de bien, d'intéressant lorsqu'on est allés piger nos valeurs chez d'autres, chez des amis, des profs, des amoureux ? Peut-on rendre fiers nos parents même si l'on va tout à fait à l'encontre des valeurs qui leur tiennent le plus à coeur ?

J'étudie en Littérature. Je me réfugie dans la réflexion et je refuse de prendre une décision tout simplement parce que le grand nombre y est enclin. Je me bats pour la culture, pour sa survivance, pour sa qualité.

Mes parents n'aiment pas les grandes questions, n'aiment pas lire (sauf ma mère et ses petits romans québécois à mi-chemin entre l'Harlequin et l'auto-fiction). Mon père, dentiste, a choisi sa profession pour gagner de l'argent (!) ; ma mère, dans le style le plus parvenu qui soit, a épousé mon père pour son salaire. Ma soeur, qui étudie au Cégep en sciences de la nature, regarde les métiers qui s'offrent à elle en fonction du salaire qui y est rattaché, du statut social qui vient avec.

J'ai étudié en Sciences, lettres et arts au cégep parce que, 1) je ne savais pas quoi faire vraiment de ma vie et 2) parce que j'ai trop d'intérêts, j'ai une trop grande curiosité intellectuelle ; mon père pense encore que j'ai fait mes sciences natures (comme quoi c'était important pour lui) et ma soeur me trouve beaucoup trop loser. Après deux sessions universitaires, j'en suis encore à expliquer à Papa pourquoi j'ai choisi la littérature, quels métiers me sont possibles avec ça pour n'essuyer que cet air un peu déçu, très confus et ce « En tout cas, e*ti que c'est pas ça que j'aurais fait ! » ou bien « T'aurais pas aimé ça, isabelle, aller en droits ? »

Il ne comprend pas qu'une jeune fille qui a fait ses sciences et qui a terminé le Cégep avec une cote R de 31 (pas magnifique mais assez bien) ait choisi un programme non-contingenté, synonyme pour lui d'un programme d'idiots, de paresseux.

Je suis tannée de frapper le mur de leur incompréhension. Oui, la littérature est ultimement importante, peut-être encore plus aujourd'hui à l'ère où elle est menacée par l'industrie médiatique et les technologies. Oui, c'est par la littérature qu'on touche au plus profond des choses, au coeur de la misère humaine, aux bobos des sociétés sans cesse mouvantes, sans cesse changeantes. C'est par elle qu'on apprend à vivre, à comprendre l'humain dans sa complexité que même la psychologie n'arrive pas à cerner, occupée comme elle est à prouver qu'elle est bel et bien une science.

La littérature touche à tout, réinvente tout et fait progresser les idées et le monde ; rejoignant en ce sens la philosophie et la science, elle est une source jaillissante de théories, d'explications sur l'homme, son milieu, son histoire, son âme. Dans ce siècle perdu, sombre, où l'on a tué Dieu, fuit l'absurde et prouvé la Vie, on retourne aux superstitions, aux morales faciles, au troupeau asservi sous le joug d'un prêtre qui est désormais la masse. On cherche la distraction, on cherche le plaisir ; matérialistes jusqu'au bout des doigts, on ne veut plus réfléchir si cela ne concerne pas la réalité concrète, le progrès médical, le confort individuel. La philosophie, autrefois la discipline la plus prestigieuse, est menacée, précaire, dans ce monde où la réflexion semble être une marginalité, une excentricité. Les gens ne veulent pas réfléchir, n'en ressentent pas le besoin.

Et moi je chiale et déplore cet état social, inhumain. J'étouffe ma désillusion, mon retour d'un âge où je croyais que tout le monde était aussi réflexif que moi, « échantillon de ces êtres qui réfléchissent pour ainsi dire depuis le berceau » (copyright Y.) dans le bureau de yolaine et dans ce petit blog bien chiche en lecteurs, encore plus en commentaires.

Si je décide finalement d'avoir des enfants, je veux leur inculquer ces valeurs qui me sont chères, valeurs de la culture, de la curiosité intellectuelle, de l'éducation, de l'honnêteté, de l'amour, de l'amitié, du prestige intellectuel au dépend de celui matériel. Et j'espérerai ne pas créer des êtres tels que je suis devenue, en négation profonde avec tout ce que l'on m'a appris dans ce cocon familial brisé et pas confortable.

Peut-être un jour m'entendrez-vous dire : « Si j'aurais su l'affaire que j'te parle, tabarnak que chtaurais dit ça ! »

Mais pour l'instant, je m'en tiens à cracher sur la médiocrité en espérant ne pas recevoir le mucus directement sur mes yeux.

Enfin. Je suis tellement jeune. Naïve, idéaliste et entichée des éminences que je côtoie, mais toujours si jeune !

vendredi 19 février 2010

Ma mère me dégoûte. Je la déteste. Pour mourir.

Craving for a mint cigarette.

Il me fait rire. Et j'aime qu'il me fasse autant rire.

Aujourd'hui, il est venu me rejoindre quand je parlais avec une amie, et ça m'a fait du bien de lui parler. Desfois, je me dis que si nous continuons à nous parler, si nous continuons à rire ensemble, il y aura des débouchées autres qu'amicales.

Mais je m'illusionne. Je ne lui plais pas.

J'ai eu mon premier cours de PIL aujourd'hui ; la prof est au doctorat, en deuxième année, et j'ai reçu tout un coup en constatant son analyse tellement... scolaire ! Elle ne savait pas comment s'appelait le courant impressioniste, et quand j'ai demandé en classe si l'on pouvait considérer Verlaine comme un poète impressioniste, elle a détourné la question !

Ce n'était peut-être pas si pertinent, au fond... Je me suis encore humiliée, probablement. Au moins, il n'y a pas trop de gens pour qui je pourrais me compromettre dans la classe. Deux de mes amies, et une cohorte d'inconnus un peu insignifiants.

J'ai eu une discussion avec une amie hier soir, et mes réflexions m'ont ensuite menée à cette conclusion : peut-être suis-je anorexique de l'esprit ? À l'image de la jeune fille qui, bien que mince, ne l'est jamais assez, se compare aux top-modèles, se voit toujours énorme, en veut toujours plus, je me sens toujours incroyablement stupide, incroyablement cruche. Je n'ose jamais lever la main en classe parce que je suis certaine que mon intervention va être insignifiante et ridicule ; je suis constamment en train de douter de mes facultés intellectuelles et de mes capacités d'analyse malgré mes A et ce que l'ont me dit parfois ; je vis dans la perpétuelle peur de ne pas atteindre les objectifs que je me fixe, de devenir une prof que l'on trouvera diablement stupide, sans profondeur, avec seulement une petite culture superficielle à laquelle elle ne comprend rien. J'entretiens cette image de moi-même, cette impression d'être une tête vide qui ne sait que répéter des notions éparses qu'elle a retenues par mécanisme, qui ne comprend jamais rien à ce qu'elle lit avant d'avoir été demander à Yolaine ou à d'autres, de m'attarder à des détails insignifiants et superficiels qui ne veulent strictement rien dire. Mes idées sont mauvaises, mes opinions ne se tiennent pas debout, mes goûts sont dépassés, mon appréciation des livres que je lis est erronée... Et j'ai beau lire le plus possible, essayer de méditer comme je peux sur la culture, discuter, j'ai toujours l'impression que ce n'est pas assez, que je ne serai jamais assez...

Je me rappelle ce que Laurence me disait quand elle s'automutilait en secondaire 5 : I was never enough. Eh bien, en ce moment, c'est peut-être un peu ça... Je ne suis pas assez. Je ne suis pas à la hauteur de mes aspirations. Je veux être comme y., et je sais que je ne le serai jamais : je suis trop idiote. Je ne suis pas digne de son temps, je ne suis pas digne de son affection, mais toujours je reviens, je viens puiser un peu d'estime de moi dans ce regard brillant et éminent, dans ce sourire magnifique et sincère ; et encore, je doute de sa perception de moi. Je suis certaine qu'au fond, elle me trouve bien idiote, bien simple d'esprit, et elle doit se demander ce que je fais à être en littérature, pourquoi je ne suis pas en train de faire des frites chez McDo ou vendre des vêtements chez Wall-Mart...

Ahh, et puis c'est assez ! Ce n'est pas vrai, elle m'a dit que j'étais une personne très réfléxive, et elle est toujours contente de me voir, la preuve en est que je reste toujours à son bureau pendant 1 heure de temps !

Et, d'ailleurs, qui suis-je pour me comparer à elle ?

C'est que j'ai tellement peur !! Tout me fait peur, tout ce qui me tient à coeur me fait peur : j'ai peur d'échouer, d'être réellement d'une stupidité horripilante, un peu comme ma mère, j'ai peur d'être ridicule, j'ai peur d'aimer, j'ai peur de déclarer ma flamme, j'ai peur que l'on rie de moi, j'ai peur de perdre ceux que j'aime, j'ai peur que yolaine m'abandonne, j'ai peur que l'on se moque de moi, j'ai peur des vers de terre, j'ai peur de prendre l'avion, j'ai peur de conduire quand il neige, j'ai peur de m'abrutir devant la technologie, j'ai peur, justement, de la technologie, j'ai peur d'entreprendre quoi que ce soit par risque d'échouer, j'ai peur de l'avenir, j'ai peur de la vie...

Mais je ne pense pas avoir peur de la mort. Cela dit, je ne veux pas mourir, ni ne compte m'enlever la vie.

Le café vient de couler, son odeur réconfortante enveloppe la maison qui baigne dans celle des côtes-levées que j'ai mangées pour diner, et je devrais me remettre à ma dissertation sur Jean Rivard que je vais probablement lamentablement échouer.

Le Sacre du Printemps est à l'image de mon état d'esprit depuis un certain temps. Je suis crevée, je m'enlise dans la stupidité, mais Marc me fait rire et je le fais rire aussi, et c'est un peu tout ce qui compte en ce moment.

« Ohhh, tu rougis !! »

J'aime qu'elle me cerne à ce point, c'est comme si la connection n'était pas seulement dans mes lubies et mes litanies oniriques et psychanalytiques.

Je me demande si elle sait de qui il s'agit... Je ne pense pas. Mais bon. J'en serais peut-être fière, par la suite ; car, au fond, ce serait tout grâce à elle, divine entremetteuse qu'elle n'a peut-être jamais été, tout comme elle me dit n'avoir jamais été fine psychologue.

Et je rougirai autant qu'elle me cernera comme ça, mais M. me fait rire et ça me fait du bien de rire ainsi, enlevée par une simplicité enivrante et une jeunesse éternelle.

mardi 16 février 2010

Chopin et Radiohead sous un ciel bas comme un couvercle.

L'amouuuur... J'en ai plus envie.

Peut-être suis-je blasée de l'amour ? Toujours est-il que j'ai moins d'attrait envers cette passion que je considérais jadis comme le but ultime de l'existence, j'arrive de moins en moins à y croire. Plus j'avance, plus je me demande si l'amour n'est pas que de l'amitié imprégnée de désir charnel ? Certes, c'est une connection, un désir de partage, un besoin d'intimité ; le besoin de découvrir l'autre et de se découvrir devant lui ; mais pourquoi est-ce que j'ai la certitude que j'ai ressenti mieux, que j'ai ressenti plus fort que cette émotion qui fait tourner le monde depuis ses débuts ?

Je relis ce que j'avais écrit sur le forum du DI l'automne dernier après avoir été rendre visite à Benjamin.
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« Non, il y a quelque chose de supérieur à cela dans l'amour, de plus grand et de moins « concret » ; c'est à la fois tangible et impalpable, volatile et intérieur mais pourtant, l'autre le partage (ou, du moins, semble le partager !). C'est une entente entre les regards, entre les âmes, entre les sourires, doublée de cette certitude bien convaincue qu'il nous serait facile et magnifique de passer tout son temps avec cette personne et que l'on n'en aurait jamais fait le tour ; c'est le désir de connaître l'autre et de se découvrir devant lui ; c'est l'envie de bâtir quelque chose ensemble et de savoir que ce serait la plus belle réalisation parce qu'elle serait commune. Vous vous demandiez si l'amour doit obligatoirement se bâtir autour de quelque chose. Je crois que oui, ou du moins, sur le désir de. C'est aussi se sentir bien avec la personne, se sentir accepté tel que l'on est ; se sentir à la fois plus faible et plus fort, se sentir plus beau / belle dans les yeux de l'autre, se voir rayonner par nos propos à ces petites flammèches dans le regard ou le sourire consentant, se sentir mieux que jamais. C'est aussi un petit tiraillement à l'estomac, un battement de coeur plus prompt, une lueur de joie dans le regard, un rire plus musical et guilleret qui nous dictent que c'est tout simplement lui (elle). C'est aussi savoir pertinemment que, une fois cette personne partie, la vie perd sa couleur si riche et sa saveur si tendre. »
J'ai été amoureuse de Benjamin. C'est une évidence, un absolu : c'est une certitude indéniable qui m'a poussé à écrire ces belles choses lyriques que vous venez de lire. Je n'ai pas aimé R. malgré tout ce que j'ai pu en dire ; c'était une infatuation, un kick adolescent qui s'est développé et approfondi outre mesure, qui s'est envenimé et lacéré jusqu'à amputer ma confiance en moi et mon coeur, dans un sens, pour les années à venir. Car oui, ma conception de l'homme parfait est à quelque part calquée sur R. et son intellectualité artistique et nonchalente : pour moi, l'homme de ma vie, est grand, a les cheveux foncés, joue de la musique et a une culture vaste et approfondie.

Je ne suis pas amoureuse de M. J'ai réalisé ça aujourd'hui en lui parlant. Je suis intéressée, sans plus, mais je doute que je vais un jour être amoureuse de lui. C'est un ami, un ami qui a de l'effet sur moi, mais ce n'est pas un nid pour accueillir mon amour intense mais brisé.

Et j'ai peur. Il est certain que ma désillusion par rapport à l'amour est issue de mes révélations récentes sur la nature de mes sentiments par rapport à Y. : cet amour tellement fort qui n'en est pas un. Mais en même temps, je la connaissais quand Benjamin était dans ma vie, et ça ne m'a pas empêché d'en être amoureuse.

C'est peut-être la conscience aiguë de ne jamais pouvoir aimer quelqu'un plus fort que cette personne.

Je vais être amoureuse encore ; mon coeur n'est pas mort. Mais je ne pourrai plus jamais aimer quelqu'un plus fort. Si jamais ça fonctionne avec M. ou avec n'importe quel autre gars, il va devoir accepter que Y. passera toujours avant.

C'est n'importe quoi. Mais c'est ça. Elle peut chasser le sable que Marc-Antoine verse dans mon coeur englué dans la vase.

Elle a deviné, aujourd'hui, qu'il y avait quelqu'un dans ma vie : paraît-il que j'ai rougi et, de toute manière, « il n'y avait qu'à voir [ma] face ! »

J'ai tellement d'amour pour sa sagesse, sa perspicacité, son affection !

Marie-Ève m'a dit que j'étais la fille spirituelle de cette auguste dame : si seulement ça pouvait être vrai !

Ah, comme je l'aime !

Je ne dois pas laisser ce sentiment qui dépasse l'amitié et l'amour réunis m'empêcher d'aimer. Je ne dois pas complètement arrêter d'avoir envie d'aimer, moi qui étais jadis si romantique !

Ça doit être février et mon échec affectif récent.

Les mois ont le dos large...

Je dois vraiment me mettre au travail !

mercredi 3 février 2010

You look so young.

C'est ce soir qu'on va au théâtre, M. et moi. Je meurs. Meurs. Je suis morte.

Je vais le chercher à sa maison, mais je ne sais pas si j'ai envie d'aller sonner chez lui. Ça fait formel, si ses parents sont là et tout... Je vais mourir de gêne, et ahh, je sais pas... J'ai pas envie de voir ses parents, je vais me sentir mal et jugée et stupide et trop... intéressée par leur fils ! Ah merde, ce que c'est dur ! En plus, c'est tellement une rencontre amicale que nous allons avoir, pourquoi est-ce que j'imagine que ça risque d'aller plus loin, très loin, si loin... Je veux lui proposer de faire quelque chose après le spectacle, mais est-ce que ça va faire trop insistant, trop... trop ? J'ai proposé l'invitation du spectacle, il a pseudo-hésité ; est-ce que rallonger l'expérience serait juste trop ?

On m'a dit de faire comme je le sentais... Comment vais-je le sentir ?

En plus, comme pour faire exprès, nous sommes aujourd'hui le 3 février. Il y a cinq ans, R. entrait dans ma vie, y était déjà entré depuis 13 hrs et quart environ de l'après-midi, et je cheminais vers le chalet, la tête pleine de réminiscences et d'étincelles de son spectacle, lui et sa guitaire, silhouette noire contre toile rouge et lumineuse. Je tombais amoureuse de R., qui allait tour à tour gâcher et briller ma vie pendant 3 ans environ. Et, en cette même journée, je vais au théâtre avec un gars. Première « date » - même si c'en est pas une vraiment, c'est moi qui invite un garçon qui m'intéresse seul à seule. Je trouve ça ironique, quand même. Il y a 5 petites années, je mourais d'amour ; aujourd'hui, je meurs de stress car je vois un mec. Qui m'intéresse.

Bon. Assez avec la pseudo-intervention d'un destin intelligent... Quoique, parfois, j'ai l'impression qu'on se joue de moi avec ce genre de coïncidences...

Je quitte l'ordi. Nous verrons comment ça se déroule pour ce soir.

Merde. J'ai peur !

lundi 1 février 2010

Respirer.

Je lui ai parlé ; m'a dit que je n'avais pas été bête. Suis pas d'accord avec lui. Enfin. Nous verrons mercredi.

J'ai la trouille. Je veux mourir.

Je veux voir y.

Pavane pour un avenir défunt

Je suis stupide. Je « sors » avec M. mercredi (bon, on va voir une pièce de théâtre entre amis mais bon, nous y allons seul à seule...), et je ne suis plus capable de lui parler. Il m'a demandé si ça fonctionnait toujours pour mercredi, et j'ai été d'une froideur horrible, horripilante. Et je me hais.

Je voudrais qu'il se connecte sur MSN pour lui transmettre des excuses désinvoltes, mais j'ai bien peur qu'il ne le fasse pas. Peut-être est-il un peu froissé ? Il ne doit pas comprendre, ça c'est certain ! Mais c'est qu'il m'a demandé si ça marchait toujours pour mercredi alors que je ne m'y attendais pas, alors que ses amis étaient avec lui et que je ne voulais pas que tout le monde le sache, j'ai pris peur, j'ai perdu mes moyens, je n'ai pas trop sû comment réagir, et j'ai été presque bête.

Et je m'en veux à mourir.

Je veux lui dire que je m'excuse, mais s'il ne se connecte pas ce soir, je vais devoir lui dire demain en personne, où d'autres seront là, dont son ami, et j'aurai encore l'impression de perdre mes moyens et d'avoir l'air d'une belle imbécile...

Pourquoi est-ce que ce n'est pas simple, pour une fois ? Pourquoi faut-il toujours que je complique tout ?

J'ai peur. Je suis morte de peur, littéralement. Je ne sais pas dans quoi je m'embarque. Je ne sais pas comment il voit cette sortie si c'est, comme j'ai essayé de le faire paraître, entre amis ou s'il a décelé mes intentions. Si oui, il a accepté donc c'est bon signe...

Je gâche toujours tout. Je m'ennuie de B., c'était si facile avec lui. L'impossibilité foncière de nos amours en était d'ailleurs pour beaucoup, mais je passais moins de temps à m'en vouloir et plus de temps à apprécier nos interactions.

Je m'en veux, veux lui parler, veux m'excuser ; je dois lui parler, dois m'arranger avec sans que Chose s'en mêle, sans que personne d'autre que nous ne s'en mêle...

J'ai besoin de soleil, d'un peu de lumière tiède et réconfortante dans cet hiver froid où mon coeur s'emballe un peu pour rien et pour tout. J'ai besoin d'un peu de musique, de beauté, d'enivrement.

Je vais avoir 20 ans dans une semaine, et j'aimerais que février ne me harcèle pas de sa narquoise mauvaise humeur cette année. Mais c'est mal parti.

Au moins, la poésie me parle. Un peu. Mais c'est déjà ça.

J'aurais tellement envie que ça fonctionne, lui et moi. Tellement... J'en peux plus d'être seule...